Les fiches IROKO

Racines de la culture cubaine

Un métissage de cultures venues du monde entier

À la naissance de la culture cubaine, on trouve trois racines principales

 

La première racine est celle des indigènes, entre autre les Taïnos (« peuple bon et paisible ») dont le legs ethnique s'est réduit par l'impact du processus de conquête et de colonisation. Les deux autres racines principalement restantes sont l'Espagnole et l'Africaine.

La première a été le résultat d'une migration, qui s'est accentuée le long de l'histoire. Aux premiers siècles de la conquête ont prédominé des groupes provenant du royaume de Castille. D'autres groupes importants sont venus, originaires des Îles Canaries, Galice et Catalogne notamment.

La racine africaine laisse une trace très particulière dans le processus  de formation de la culture cubaine. Originaires de différents ethnies (Yorubas, Congolais, Carabalíes, Bantou...), les  esclaves ont été mêlés dans les plantations en provoquant de nouvelles associations culturelles entre les communautés africaines. Depuis les  plantations, avant l'abolition de l'esclavage (1886), commence le processus de syncrétisme entre la culture des esclaves et celle des maîtres, en donnant lieu à une culture totalement nouvelle et différente de celle de leurs racines originaires.

 


 

Les Taïnos...

C'étaient les principaux habitants de Cuba et de la Caraïbe à l'arrivée des Espagnols au XV° siècle. Ils étaient divisés en un grand nombre de tribus. Ils vivaient dans des clairières de la forêt, à l'intérieur des terres, avec deux types d'habitats. Le bohío, circulaire, habitat commun des habitants et le caney, plus grand et rectangulaire où habitait le chef de tribu (le cacique) avec sa famille. Ces habitations étaient construites avec des feuilles de hinea et du bois.


bohio

caney

 

Pour dormir ils utilisaient des « hamacs » (ce mot est d'origine taina) tissés avec du coton.

Les habits des Tainos étaient pauvres, en partie à cause du climat peu rigoureux. Les hommes portaient un simple taparrabos (cache-sexe), et les femmes mariées avec un pagne de paille, de coton ou de feuilles. Les femmes célibataires vivaient nues.

Les deux sexes s'appliquaient de la peinture corporelle noire, blanche, rouge et jaune. Ils décoraient leur corps de tatouages religieux pour se protéger des mauvais esprits, et ornaient leurs oreilles et lèvres avec de l'or, de l'argent, des pierres, des os ou des coquillages.

Ils confectionnaient des paniers, des poteries en céramique, ils sculptaient le bois, fabriquaient des hamacs, des filets et travaillaient l'or. Les Espagnols récoltèrent plus de dix tonnes d'or en épuisant les réserves de l'île et en spoliant les quelques objets d'intérêt que contenaient les meubles des caciques.

Les Taïnos ignoraient les notions de propriété privée et d'État ainsi que la notion de profit.

La principale activité économique des Tainos était l'agriculture, pour laquelle ils effectuaient des semailles qu'ils appelaient conucos. Ils cultivaient les variétés douces et amères du manioc, pour lequel ils utilisaient de l'engrais et un système d'irrigation. Comme pour les autres cultures importantes dans la vie des tainos tels que la pomme de terre, le maïs, la cacahuète, le piment, l'ananas, la patate douce, le coton et le tabac.

Ils faisaient aussi fermenter le manioc dans le but d'obtenir une boisson enivrante et faisaient le cazabe (sorte de pain ou galette circulaire de manioc), cuit au soleil, qui était consommé quotidiennement.

Ils chassaient de petits rongeurs, des iguanes, quelques variétés d'oiseaux et de serpents, ils pêchaient à l'hameçon, aux filets, ou avec du poison.

Ils se distrayaient de diverses manières, la danse, la musique et le jeu de pelote. Ce dernier appelé batu se jouait dans les batey. Le jeu éveilla l'intérêt des colonisateurs espagnols. La pelote utilisée était rebondissante, puisque faite de caoutchouc (ainsi que de résine et de feuilles), matière alors inconnue en occident. Les deux équipes comptaient jusqu'à trente personnes (équipes mixtes), le but du jeu étant de garder la balle en l'air à l'aide des épaules, des coudes, des hanches et de n'importe quelle autre partie du corps à l'exception des mains.

Les principaux rituels mettaient en scène des danses sacrées accompagnées de divers instruments, principalement du tambour. Le tabac était une des plantes les plus utilisées (lors de ces rituels).

Les chefs de tribus Taïnos reçurent pacifiquement les conquistadors, en les considérants, comme des dieux. Ils leur offrir des perroquets, du coton et des objets divers. Cependant, suite aux mauvais traitements qu'ils reçurent des conquistadors, les caciques organisèrent leurs forces et rejetèrent leurs agresseurs qui avaient pour but de les asservir. Les armes modernes des conquistadors furent les clefs d'une lutte inégale qui mena à la défaite des Taïnos.

Ils disparurent rapidement par le génocide commis par les colons durant la conquête de la région, ou par des maladies introduites par ces derniers. En 1531, l'exploitation des mines d'or, les suicides et les maladies avaient réduit leur nombre à 600.

 

Le mythique Hatuey...

Huatey, chef mythique TainosLe premier héros national était un chef Taïnos nommé Hatuey, de  l'île de Saint Domingue, dont il s'échappa pour fuir les brutalités des Espagnols.

Dès son arrivée à Cuba, il informe les différents villages indigènes du sort que leur réservent les conquistadors. Il organisa alors une révolte dans tout l'Est de Cuba. Mais en 1512 il fût capturé et brûlé à Yara (Granma). Sur le bûcher il refusa de se faire baptiser, « préférant ne pas rencontrer les espagnols au paradis ». Hatuey et son mythe sont toujours présents à Cuba, et particulièrement dans la région de Baracoa.

D'autres caciques ont tentés à leur tour de mener une lutte contre les conquistadors de plusieurs façons, piratages, guerres...Mais les indigènes ont  néanmoins été  forcés de fuir dans les montagnes. On les désigna alors sous le nom de Cimarrones.

 

 

La racine Espagnole...

En 1492, sont arrivés avec Christophe Colomb à Cuba des Espagnols de régions distinctes, Séville, Cadix, l'Aragon, la Catalogne, les Asturies, la Galice, etc...

Ils apportèrent leurs coutumes avec eux (nourriture, formes sociales, chants, musique, instruments...). Cuba est alors gouverné par l'Espagne.

Après le départ de Christophe Colomb, c'est finalement Diego Velasquez, en 1511, qui débarqua à son tour à Cuba accompagné d'une armée de 300 hommes, avec pour mission de coloniser ce nouveau territoire. Il dû affronter les indiens Taïnos. Avec Herman Cortez, ils n'avaient qu'un seul but : l'Or. Pour arriver à leurs fins, ils usèrent envers des indiens Taïnos, de brutalité, férocité et sauvagerie, les réduisant à l'esclavage, pratiquant un véritable génocide.

Diego Velasquez  fonde Baracoa la première ville de Cuba en 1512, puis La Havane en 1514 ainsi que Trinidad en 1514.

 

Les réserves d'or cubaines sont rapidement épuisées, et l'administration locale doit trouver d'autres choix économiques. Les plantations de canne à sucre, de tabac et de café deviennent les principales activités économiques de Cuba pendant l'époque coloniale.

Le développement de la culture de canne à sucre, très intensive, contribue au développement de l'esclavage d'origine africaine (principalement des « Yorubas » de l'ouest du Nigeria, appelés « Lucumi » à Cuba), car la population indigène a été décimée en quelques années. Diego Velasquez organise alors l'importation d'esclaves d'Afrique.

 

La racine Africaine...

Cuba a vécu au cours des trente premières années du XIXe siècle une révolution caféière. La population de l'île quadruple, essentiellement par l'importation de main d'oeuvre africaine pour les nouvelles plantations de café.

Les premiers esclaves africains étaient arrivés à Cuba en 1513. Après un premier soulèvement en 1525, qui les unit aux travailleurs amérindiens, leur nombre progresse très peu. En 1763, Cuba compte 32 000 esclaves. Lors de la Révolution haïtienne, les planteurs français, qui avaient réussi une spectaculaire expansion caféière, fuient à Cuba avec leurs esclaves. Ils apportent capitaux, savoir-faire et productivité. Les grands planteurs cubains font alors pression sur le Roi d'Espagne pour que l'île autorise l'importation d'esclaves.

Au total, de 1792 à 1860, les planteurs introduisent à Cuba plus de 720 000 esclaves. À partir des années 1820, le rythme d'importation des esclaves se ralentit, car les prix du café commencent à baisser sur le marché mondial, même si la production cubaine continue à augmenter fortement, les transferts vers le sucre commençant à la fin des années 1830.

 

Les planteurs cubains doivent se recycler dans la production sucrière à partir des années 1840. L'écart de rentabilité avec la culture sucrière a été accru par la construction en 1837 d'un réseau ferré reliant les régions sucrières aux côtes de l'île. Leurs plantations ont de plus été dévastées par les cyclones de 1848. Les transferts d'esclaves du café vers le sucre sont massifs dans les années 1840. Le sucre affiche une production pour la première fois supérieure à celle du café en 1846. En seulement vingt ans, de 1841 à 1862, les plantations de café cubaines sont divisés par 5. La production sucrière cubaine, qui n'était encore que de 14 000 tonnes en 1790, explose pour atteindre plus de 600 000 tonnes vers 1867. Au XXe siècle, Cuba sera le premier exportateur mondial de sucre, et ce grâce à la manne providentielle des esclaves africains.

 

En marge de la main d'oeuvre qui les a amenés dans les Caraïbes, les esclaves venus d'Afrique ont apportés beaucoup dans la culture cubaine en terme d'art, de danse, de musique, de religion (Santeria).

 

Bien sûr, l'Angleterre, la France et d'autres pays européens et asiatiques ont également pris part à ce processus de mélange culturel cubain, de façon plus ponctuelle...

 

Source :

  • Internet (« Cubania » et « Wikipédia »)
20 Nov 2017